Wolfgang Schäuble, ministre des finances, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne
Cette pétition vous est adressée par réseau de solidarité avec la Grèce.
Nous demandons à la Commission européenne de tenir sa promesse et de ne pas privatiser les services des eaux !
Nous demandons à ce que cessent les demandes faites à la Grèce de privatiser son eau, pour servir les intérêts de grandes entreprises, et qui va à l’encontre de la volonté du peuple !
Nous demandons la divulgation et la publication de tous les échanges écrits ainsi que des procès-verbaux des négociations orales entre le gouvernement grec et les institutions concernant le transfert d’EYDAP et EYATH au super-fonds.
Pourquoi est-ce important ?
La Grèce se voit imposer la privatisation de ses deux plus grandes sociétés d’eau, celle de Thessalonique et celle d’Athènes. La colère de la population est grande et le mouvement de lutte prend de l’ampleur. « L’eau : un droit humain. L’eau est un bien public et non une marchandise. » En raison de cet appel signé par près de 2 millions de citoyen-ne-s en 2013, l’UE a écarté l’eau de ses projets de privatisation, mais pas dans les pays du sud où la troïka fait pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils privatisent également les services des eaux. Ainsi le parlement grec a-t-il dû accepter le transfert des grandes sociétés d’eau EYDAP et EYATH au nouveau super-fonds de privatisation contrôlé par les créanciers, faute de quoi les prochains crédits ne seraient pas versés.
Cela veut dire que les institutions de l’UE entreprennent une nouvelle tentative de privatisation de l’eau en Grèce. En 2014, la population avait réussi à stopper ce projet. À Thessalonique, un référendum contre la privatisation du service des eaux avait recueilli 213 508 voix, soit plus de 98% des suffrages exprimés. Suite à une plainte, le Conseil d’État grec avait déclaré la privatisation de l’eau inconstitutionnelle, car le service touche aux besoins vitaux des citoyens que l’État doit protéger. Or, ceci est impossible si des groupes multinationaux sont propriétaires des services d’approvisionnement en eau. Comme le montrent de nombreux exemples de villes d’Europe, la privatisation s’est soldée par une détérioration des services et une hausse des prix. Mais une hausse des prix signifierait en Grèce qu’une grande partie de la population n’aurait plus ou plus suffisamment accès à l’eau. Actuellement, les tarifs sont encore échelonnés selon des critères sociaux et tiennent donc compte de la situation financière des habitants. Même les personnes qui ont tout perdu en raison de la crise et de la politique d’austérité radicale ne se voient pas couper l’eau car elle représente un besoin vital. Les grands groupes comme Suez et Veolia intéressés par l’eau en Grèce ont déjà déploré son prix trop bas.
La dégradation des services accompagnée d’une augmentation des prix de l’eau suite à la privatisation sont la raison pour laquelle de nombreuses municipalités de divers pays ont déployé des efforts considérables pour recommunaliser les services des eaux. Les exemples les plus récents en sont des villes du Portugal et d’Espagne qui avaient été également forcées par la troïka à appliquer cette politique catastrophique et avaient enregistré une hausse du prix de l’eau allant jusqu’à 400%. La Slovénie, quant à elle, agit préventivement en inscrivant l’eau en tant que bien public dans la Constitution, la mettant ainsi à l’abri de la privatisation.
L’une des premières communes à avoir été forcée par la pression des habitants à revenir sur la privatisation de l’eau est la ville de Berlin. À Berlin, les pouvoirs publics étaient restés propriétaires de 51% des parts, mais les contrats tenus secrets garantissaient aux entreprises des bénéfices énormes pendant 30 ans. Résultat : hausse du prix de l’eau. Berlin est aussi un bon exemple du succès que peut avoir la lutte.
Soutenons la lutte de la population grecque !
Pour le réseau de solidarité avec la Grèce (Netzwerk Griechenland Solidarität)
Georg Brzoska (Berlin), Marianna Grigoraskou (Thessaloniki), Claus Kittsteiner (Berlin), Imke Meyer (Frankfurt), Monika von zur Mühlen (Cologne)